I-) Analyse du support

L'analyse du support du tableau permet déjà une estimation de datation du tableau.


a) L'évolution du support au fil des siècles

La fresque, déjà utilisée à l'époque préhistorique, est considérée comme la peinture la plus ancienne depuis l'histoire de l'humanité.

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Grotte de Lascaux

Elle s'est largement développée au fil du temps et c'est seulement au cours du Moyen-Age qu'elle perdra de son ampleur, le support en bois devenant de plus en plus courant. En effet les planches de bois présentent l'avantage d'être mobiles même si la peinture sur bois requiert un long processus de préparation du support. Il faut tout d'abord veiller à la qualité des panneaux en bois, les plus prisés étant ceux en peuplier, un bois sans nœuds, et ceux de chêne, très résistant. Puis, pour éviter le jeu entre les planches et la création de fissures, l'assemblage des planches entre elles se faisait par collage. Le panneau était ensuite enduit d'un mélange de colle animale et de blanc de craie, appelée gesso, qui permettait de faire gonfler le bois. Après ponçage du bois, le support obtenu était lisse et rigide, prêt à être peint. Enfin, certains artistes renforçaient le support au moyen de nouvelles planches de bois et/ou rajoutaient des tasseaux pour éviter l'incurvation des planches. A partir du XVIème siècle, les châssis en toile font leur apparition, plus pratiques pour les artistes tout d'abord parce que le support est moins lourd mais aussi parce que la toile est démontable, enroulable et ne se fend pas lorsque la température varie, contrairement au bois.

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Dos d'un châssis

La toile nécessite également une certaine préparation qui passe par l'application d'un enduit, afin que la peinture ne soit pas directement absorbée, ce qui rongerait les fibres de la toile.

 

b) Approche de datation : exemple des peintures sur bois

 

Dans le cas d'un support en bois, une analyse spectroscopique aux infrarouges permet d'évaluer l'âge du bois.


Principe :

 

Cette technique de datation se base sur la dégradation chimique que certaines molécules connaissent au fil du temps.

Les molécules absorbent les radiations infrarouges émises par le spectrophotomètre seulement si elles oscillent à la même fréquence. Ainsi, la modification d'une molécule ou d'un groupe de molécules engendrée par le processus de vieillissement du bois entraîne une altération des intensités d'absorption et un écart des fréquences. Le spectre réalisé par l'ordinateur chargé de l'analyse montre cette absorption, avec ses pointes et ses creux. De ce fait, l'âge du bois peut être établi en comparant le spectre du bois mis à l'étude avec des spectres d'une datation certaine.

 

Protocole de réalisation :


1 : Effectuer un trou de petit diamètre (3 à 5 mm environ) dans une partie profonde de l'objet en bois. La poussière de bois recueillie à partir de 3 mm de profondeur ou davantage est en mesure d'être analysée pour établir l'âge du bois. spectroscopie-etape-1.jpg

 

2 : les particules de bois sont contrôlées afin d'éliminer toutes les impuretés telles que la contamination de vers rongeurs qui pourraient créer des erreurs.

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3 : la préparation de la pastille consiste à presser le mélange des particules avec un sel spécifique, nécessairement transparent aux rayons infrarouges.

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On obtient ainsi la pastille suivante, dont la transparence est révélatrice du peu de quantité de poussière de bois nécessaire :

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4 : La pastille est introduite dans le spectrophotomètre, dernière étape avant l'exécution de l'analyse.

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Bilan :

La spectroscopie aux rayons infrarouges présente l'avantage d'être simple, rapide et peu coûteuse. De plus, cette méthode de datation a atteint un haut niveau de fiabilité, largement supérieur à une datation au carbone 14 par exemple. Elle est d'ailleurs destinée à s'améliorer dans la mesure où les échantillons de datation certaine sont de plus en plus nombreux.

En revanche cette technique présente des inconvénients qui demeurent actuellement irrésolus. Par exemple, certains bois comme l'acajou, le châtaignier ou le palissandre ne peuvent être datés avec précision. De plus, les processus chimiques qui s'opèrent naturellement dans le bois peuvent être ralentis par les conditions climatiques ( le problème se pose en Europe pour les poutres des églises de montagne qui restent de longues périodes en dessous du niveau de congélation, et paraissent donc plus « jeunes »). Enfin, la précision diminue avec le temps : si la marge d'erreur est évaluée à 10% jusqu'à un âge d'environ 350-450 ans, elle peut atteindre 20% pour les bois âgés de 800 ans et plus.

 

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